Cambodge: Phnom Penh

Après une arrivée nocturne à Phnom Penh marquée par l interminable circulation automobile, plus embouteillée qu autour de Chatelet les Halles un samedi soir, nous retrouvons nos amies néerlandaises Alexandra et Ilona pour la visite des sites commémoratifs de l effroyable génocide cambodgien orchestre par Pol Pot et les Khmers rouges. Ne bénéficiant que d une journée pleine pour visiter la capitale, et quand bien même Phnom Penh et ses environs meriteraient que l on s y attarde quelque peu, nous avons préféré tenter de comprendre la folie meurtrière (tant soit peu que la raison puisse réellement la comprendre) qu a enfanté le Cambodge il n y a de cela que quarante ans. Trois millions de cambodgiens, sur une population totale estimée à huit millions, périrent, sans distinction entre hommes, femmes, vieillards ou enfants.

A ces fins, nous débutons cette journée primordiale vis à vis du devoir de mémoire, par la visite du musée de Tuol Sleng, ancienne école reconvertie par Pol Pot et ses Frères en centre d'interrogatoire et de torture, où la barbarie semblait sans limites. La froide simplicité des lieux suscite l effroi dès l entree: quatre bâtiments jaunis par le temps, des salles de classe, une cour d ecole. Les visages des suppliciés, le regard impavide, sont accrochés aux murs. Conservées à l identique, les salles d interrogatoires et cellules longues de trois pas, larges d'un seul attestent de l infâme cruauté d' un régime qui n hésitait pas à exterminer sa propre population sur l autel d une folie purificatrice. L analogie avec le régime nazi est inévitable, et ce à seulement trois décennies d écart.

Deux heures plus tard, nous nous dirigeons vers le camp d exécution proprement dit, les sinistres "Killing Fields". La visite est agrémentée d un audioguide. Une heure et demie durant, tout en circulant entre les fosses, les exactions commises par les Khmers rouges sont contées, au moyen entre autres de témoignages poignants, faisant prendre conscience les uns après les autres de l inenvisageable horreur quotidienne infligée au peuple cambodgien.

Nous n aurons ni le temps, ni réellement l envie de faire un détour par le Palais Royal et sa fameuse Pagode d argent, préférant détourner nos esprits vers les plages thaïlandaises, notre escale suivante. Sans oublier.

Terminons tout de meme sur une note un peu plus ludique. Jerome, ayant precedemment effectue ces visites lors de son arrivee plus precoce au Cambodge, decide de partir en solitaire a velo vers l ile de Koh Dach, qui signifie "ile de la soie". Au programme: environ 20km de velo au total, une ile calme et authentique, avec une plage sur le Mekong, permettant la decouverte de la vie rurale cambodgienne a seulement 6km de l agitation de la capitale. La caracteristique principale de cette ile est la fabrique de tissus en soie par les femmes a l interieur meme de leur domicile, l occasion pour Jerome de s essayer a l exercice (et bien entendu d acheter un tissu, la dure loi du commerce!).