Mongolie: Désert de Gobi
Trois vols, avec escales à Hong Kong puis Pékin (passage éclair de 3 heures permettant de visiter une ville fantôme la veille du nouvel an chinois) permettront à Jérôme, Olivier et Ron de rallier Oulan-Bator depuis Bangkok. Benjamin s est quant à lui offert pour les dix prochains jours une escapade à Hong Kong, où il retrouvera sa dulcinée Annabelle. L arrivée en Mongolie se déroule dans l effusion des retrouvailles avec Adrien, Julie, Charles, Hélène et Julien, et coïncide avec Tsagaan Sar (qui signifie littéralement "lune blanche") le nouvel an mongol selon le calendrier lunaire, pour lequel des festivités sont organisées durant 3 à 7 jours.
A peine arrivés dans la capitale qu il faut déjà s esquiver. En effet, notre séjour mongol intervenant durant l hiver, nous avions réalisés depuis l Inde que nous ne pourrions visiter ce pays selon le fameux mode dit "à l arrache" qui nous réussira si bien pour tous les autres pays. A l issue d une correspondance électronique gargantuesque entre nos amis parisiens/lillois/argenteuillois et nous-mêmes, le plan de bataille fut établi: location de 2 Jeep (anciens véhicules militaires russes) avec conducteurs (Mejet et Bilegt) pour la visite du Désert de Gobi puis de la région centre de la Mongolie. Avant le grand départ, Bilegt (la femme de Mejet, pas l autre conducteur; probablement l équivalent du Michel/Michelle franchouillard, ou alors l illustration qu'il n existe que deux prénoms Mongols) pose les règles du jeu: s habiller très chaudement (nous y reviendrons d ici peu), respecter les coutumes mongoles de la nouvelle année (principalement, ne jamais dire non quand on nous propose une spécialité culinaire locale) et les rites au sein d une yourte, s habiller très chaudement, charger à fond le matériel électronique, et surtout, prendre une dernière douche, car la suivante pourrait n intervenir qu au retour à Oulan-Bator (J11 pour les uns, J20 pour les autres)...ça va sentir le yak dans les yourtes...C est partiiiii! Nous embarquons pour le désert de Gobi, dans lequel nous séjournerons près d une semaine.
Première constatation: la réputation de froid sibérien qui était parvenue à nos oreilles n est en rien usurpée...Au Népal, nous avions froid. En Mongolie, nous avons FROID. Comme si les températures négatives n étaient pas suffisantes (variant de -10 la journée jusqu'à -30 la nuit), un vent glacial règne les premiers jours, entraînant grelottements et claquements de dents malgré une complete panoplie de sous-vêtements thermiques, polaires, micro-doudounes, manteaux gore-tex, gants, bonnets, cagoules! Pourtant, nous passions l essentiel de notre temps dans les Jeep surchauffées; mais à peine sortis pour admirer le paysage, le froid sec pénétrant se faisait immédiatement ressentir. La qualité des nuits variera selon les duvets des uns et des autres, malgré un tour de garde instauré toutes les deux heures pour alimenter le poêle en bûches ou excréments de chameaux, selon le mode de chauffage privilégié par l habitant. Il n était pas inhabituel de s endormir en caleçons/sac à viande, pour se réveiller en sous-vêtements thermiques/bonnet/cagoule/duvet...
Seconde constatation: le mot hospitalite est probablement originaire de Mongolie. En effet, le climat extrême n a d égal que la gentillesse des gens. Nous étions reçus dans des yourtes tous les soirs, où à l occasion de Tsagaan Sar nous étaient proposés plusieurs mets typiques: du lait de jument fermenté, des raviolis fourres a la viande de cheval ou de chameau, des pâtisseries locales, les goûts de chacun permettant d établir un classement évoluant de l innommable au parfois plutôt bon. Sans oublier les traditionnels shots de vodka de fin de repas...Nous dormions ensuite dans des yourtes, petites maisons rondes dont l intérieur est centre par un poêle, élément essentiel à la survie nocturne, et bordé par des lits. Au cours d une de nos visites, nous pûmes rencontrer un lama dans un monastère, qui en plus de nous prodiguer couverts et bracelets, bénit chacun d entre nous.
Troisième constatation, et non des moindres: les paysages sont magnifiques, et brillent par leur diversité. Nos journées etaient rythmees par 4 à 6 heures de route en moyenne, et nous voguions entre paysages lunaires desertiques à perte de vue (le désert de Gobi ressemble furieusement à la planète Tatooine de Star Wars), évoluant d heure en heure, mais constamment arides, sans la moindre végétation, parsemés par endroits de montagnes et dunes de sable (nos amis y firent d'ailleurs l expérience d une promenade en chameau), et dont l absolue quiétude était parfois troublée par l apparition subite de troupeaux de chameaux, yaks ou moutons.
Retranscrire à l écrit la splendeur de notre quotidien relève d une mission impossible. Constatez par vous-mêmes...