Thailande: Le Trepied

Impossible de ne pas visiter Kanchanaburi après avoir vu "Le Pont de la Rivière Kwai"! Au Népal, Julien et Ron avaient volontairement zappe un coucher de soleil (le plus beau, c était vraiment MA-GNI-FIQUE, vous avez raté le plus beau coucher de soleil les gars!!! C est bien votre film?) ne pouvant pas décoller les yeux de la tablette. Ou les fesses du canapé. Ou par flemme. Bref, sans épiloguer plus avant, Kanchanaburi se dresse sur la route de Schmoll, William et Ron au sortir de Koh Tao.

Nous l avions imagine grandiose, se dressant avec majesté et autorité au beau milieu de la fameuse rivière Kwai, un soleil rasant filtrant, la compagnie F nous entourant et contemplant ce chef d oeuvre construit à la sueur du front de tant de prisonniers de guerre. Bon euh, en fait, 70 ans plus tard, l impression qui ressort, c est que c est un pont. Joli pont hein, mais bon, un pont quoi. Touristique à souhait, pas plus impressionnant qu un autre. D autant plus que l image guerroyante que nous nous en étions faite était discrètement écornée par les rubans roses et blancs qui le décorait en l honneur de la Saint Valentin...Nous avons même été plus impressionnés par la qualité du repas ingurgité précédemment, c'est dire! En même temps, lorsque nous sommes tous trois réunis, l alimentation se trouve souvent au centre des débats...

Après une soirée consacrée à démontrer nos inaptitudes à la pratique du billard (surtout Schmoll et Ron, qui pour leur défense, soutiennent tout de même que les dimensions de la table n étaient pas réglementaires, le tapis de mauvaise qualité, les queues mal vissées, les boules noires et violettes se ressemblaient vachement, et qu'en plus on n avait pas nos lunettes!!; "que nenni" selon William) et une location de vélos plus tard, la visite du "Musée du Chemin de Fer Thailande-Birmanie" nous réconcilia avec Kanchanaburi. Nous pouvions alors remballer nos affaires, et le baluchon sur l épaule, nous diriger vers Ayutthaya, etape suivante de l escapade du trépied que nous formons depuis presque 15 ans, pour le meilleur et pour le pire...

Nous consacrerons un peu plus de 24h à l escale Ayutthayesque, le temps de faire le tour des principaux temples, visiter un marché flottant, déjeuner dans un boui-boui réputé pour la qualité de ses nouilles, et pour pimenter un peu la journée, emprunter à vélo un pont qui se révélera être le point de départ d une autoroute...l asphalte de la bande d arrêt d urgence n avait probablement jamais encore rencontre de cyclistes, c est chose faite désormais!

Le lendemain, nous quittons Ayutthaya, ses temples et son autoroute pour Kaoh Yai, réserve naturelle pour randonneurs en quête de nature (ce qui tombe plutôt bien, puisque c est une réserve naturelle). Après une escale nocturne à Pak Chong, petite bourgade à proximité, nous démarrons la journée sur les chapeaux de roue des 7h30 du matin pour effectuer en mini bus les 40km nous séparant de l entree du parc. Arrivés là bas, et après l achat des billets d entrée, nous réalisons qu il reste 14km à parcourir afin de rejoindre le Visitor Center...bien entendu, aucune navette n est prévue pour prendre en charge les touristes inconscients sans propre moyen de locomotion...c est donc le pouce leve que nous nous embarquons dans ce que nous imaginons alors comme une vraie galère...pour finalement se faire recueillir 3 minutes plus tard par une charmante famille en pick-up qui nous dépose à destination. 

Nous avions prévu de louer une tente pour la nuit, mais pas que le campement serait 10km plus loin. Rebelote le pouce, et nous y voilà! Enfin, nous pouvons démarrer la randonnée!

Il existe 6 parcours balises, dont 4 qui nécessitent un guide. Franchement, quelle raison valable justifierait que trois purs citadins aient besoin d un guide pour faire de la randonnée en forêt? Franchement?? Non mais, allo quoi??? Que nenni, point de guide! 

Nous improvisons ainsi une première marche à la recherche de diverses cascades, sur un sentier plutôt bien balise, mais au sein duquel nous nous sentirons isolés du monde puisque totalement esseulés durant les deux heures de notre randonnée. Nous croiserons un varan, une très très grosse araignée, moultes oiseaux, un caméléon, des panneaux recommandant de prendre garde aux crocodiles, des fourmis "franchement méchantes" selon William, des lianes pour s improviser Tarzan (mais aucune Jane à l horizon, peut être aussi est-ce l odeur de Cheetah que nous degageons), et enfin, miraculeusement, une sortie pour se restaurer d un fried rice bien mérité. 

C est à l issue de ce repas, et après s être regardes longuement dans le blanc des yeux tout en partageant un dialogue mental riche (cf Comment j ai rencontré votre maman) que nous décidons finalement de ne pas faire de vieux os dans le parc. En effet, comment demeurer après avoir appris que tous les "points de restauration" fermaient tous à 17h? Point de deuxième repas à 20h? Point de casse-dalle de minuit? Point de nous dans ce cas! Retour au Visitor Center pour une ultime randonnée (20 minutes au lieu de l heure annoncée), déposés par un couple de thaïlandais à la voiture customisee en Hello Kitty.

Afin de nous rapprocher de Bangkok, nous décidons de faire etape à Prachinburi. Prachinburi se distingue par deux aspects: premièrement, ne pas figurer dans le Lonely Planet; deuxièmement, se situer à 50 bornes du parc, sans bus pouvant nous y déposer...c est ici que la présence de William prend tout son sens: ce mec a, en toutes circonstances, un bol légendaire. LE-GEN-DAIRE. Au Moyen Âge, des bardes auraient composés des sonnets pour narrer le moment où la fée Chance a touché son berceau. Pour bien comprendre notre situation: imaginez globalement que des thaïlandais veulent faire comprendre en thaïlandais à des français ne parlant que français qu ils aimeraient se faire déposer en auto-stop à Brou-sur-Chantereine dans le 77...eh bien grâce à la présence du talisman William, tout est possible!!! Trois minutes après avoir décidés de nous diriger vers ce bled pomme, un pick-up s arrete. Il y va!!!! IL Y VA!! Ni une ni deux, nous sautons à l arrière du pick-up, faisons faire un détour pour récupérer nos backpacks au campement (ainsi que le passeport de Ron, laisse comme garantie dont nous avions totalement oublié l existence: "Bonjour madame, finalement nous ne restons pas! Est-il possible de se faire rembourser? Non? Tant pis, au revoir!". Sur le pas de la porte: "Pardon? Quoi? Ah oui, vous avez raison, je veux bien récupérer mon passeport."), une heure et un lifting gratuit par le vent plus tard, Prachinburi nous voilà! Pas un européen à l horizon, authentique au possible. Nous irons nous restaurer dans un boui-boui muy tipico, ce qui en thaïlandais signifie très très épicé. Hilarité générale du personnel du restaurant à la vue du faciès écarlate et des yeux embués de larmes de Ron manquant de s etouffer. Francs remerciements de la part de William qui enfin avait trouvé une nourriture épicee selon ses souhaits.

Le lendemain matin, vient malheureusement le moment de l émouvante séparation du trépied...William et Schmoll demeurant quelques jours supplémentaires en Thaïlande, tandis que Ron rejoint Ben, Olivier, Jérôme et leurs familles à Bangkok, l espace d une ultime soirée thaïlandaise.

En effet, il est temps de quitter l Asie du Sud-est. Les steppes mongoliennes et leur froid glacial nous font face. Charles, Hélène, Adrien, Julie et Julien nous y attendent déjà de pied ferme...